" Un moyen de contrôler la multiplication illégale ! "

Le concept Breeder ProtectorTM garantit l'authenticité de la variété au producteur, au distributeur et au consommateur. Il se concrétise par un anneau imprimé sur les deux faces, placé à la base de la bouture avant son enracinement. « Nous recherchions une solution pour identifier nos propres jeunes plants et contrôler la multiplication illégale, explique Érick Ciraud, responsable marketing et développement export aux établissements Lannes. Nous voulions une solution simple, rapide et peu onéreuse. Nous avons développé l'idée d'un anneau placé sur la plante avant l'enracinement et qui y reste. Ensuite, nous avons cherché la matière, indestructible et difficile à reproduire. » Un travail avec l'imprimeur habituel des chromos de l'entreprise a permis de mettre au point la méthode choisie : la coloration de la matière plastique. Car ce qui rend cet anneau infalsifiable, c'est sa coloration avec un code couleur spécifique. « Une fois que notre produit a été prédéterminé, nous avons poursuivi la réflexion avec l'imprimeur pour le découpage, » raconte Érick Ciraud. Les anneaux sont fabriqués en planches. Une machine a donc été conçue spécifiquement pour les découper et les extraire de la planche d'origine. « Il reste cependant difficile de retirer le centre de façon automatisée. Il est enlevé manuellement actuellement, la recherche d'automatisation est en cours. » Les anneaux arrivent chez le producteur en vrac, prêts à être posés sur les mottes, avant le piquage des boutures.

Authentifier l'origine de la plante. Un code couleur, le nom de l'entreprise Lannes inscrit sur l'anneau, un nom de produit international et protégé, et voilà le concept du Breeder ProtectorTM lancé : quelques millions d'exemplaires sont confectionnés et posés systématiquement au cours du processus de multiplication. Les deux unités de production de Lannes, en France et en Espagne, les utilisent pour leurs 13 millions de boutures, ainsi que Decock Plants en Belgique, producteurs pour Lannes à partir d'un parc de pieds-mères. « Tous nos produits vendus en Europe possèdent obligatoirement cet anneau de protection, » commente Érick Ciraud. « Si des plantes vendues sous notre nom ne présentent pas cet anneau, c'est qu'elles sont issues de multiplication illégale. » Car, et c'est un élément très important pour l'entreprise, ce Breeder ProtectorTM instaure une image qualitative et une garantie auprès du consommateur final et des intermédiaires de la chaîne de distribution. « Il est le label de nos végétaux et en apporte la traçabilité. Ce concept possède donc aussi des vertus commerciales », confirme Érick Ciraud. « Certains clients apprécient l'identification des produits, dont cet anneau garantit l'authenticité. Il nous assure ces marchés. Nous sommes de plus en plus sollicités sur la labellisation et la traçabilité. Nous pouvons dire à nos clients, "vous achetez plus qu'un produit, avec de la valeur ajoutée et des services", c'est valorisant pour les distributeurs. »

Pour le producteur détaillant, la logique est différente, puisque le circuit de vente est très court. Cependant, dans ce cas, la marque certifie l'origine de la plante. « On entre sur un terrain un peu nouveau quand il s'agit de certifier la variété. Nous disons aux revendeurs et donc au client final, "vous achetez un Diamentina (Dipladenia diamantina®) et pas autre chose". L'anneau atteste cela et entre dans la royalty liée au produit. L'idée est que cette authentification génère la marge voulue par le producteur, le coût peut être répercuté et valorisé à tous les niveaux. Nous n'avons jamais eu de retour négatif sur les anneaux, le message est bien compris. »

Pour les obtenteurs de variétés végétales, le marché s'accélère, les tendances restent seulement trois ou quatre ans au top de la demande. Il s'agit de rentabiliser rapidement toutes les opérations de sélection. Il est en conséquence nécessaire, au vu de l'obtenteur, de protéger son travail. Chez Lannes, pour l'instant, les anneaux de protection variétale ne sont positionnés que sur le Diamantina®, et ce pour la deuxième année de culture. Son utilisation est en cours de réflexion pour d'autres obtentions.

Un concept protégé au niveau français et européen. Estimant que ce système peut intéresser d'autres obtenteurs, les établissements Lannes ont réalisé un dépôt de dossier à l'INPI (l'Institut national de la propriété industrielle), sur le principe de l'anneau qui accompagne un jeune plant. Cette protection, sur le marché français, du concept est acquise. Elle est en cours au niveau européen, en attente de la validation. « Cette idée pourra être vendue à d'autres entreprises en Europe. Nous avons eu des contacts très rapidement après Innovert®, aux Pays-Bas notamment, raconte Érick Ciraud. Nous allons vendre des licences d'utilisation. » L'anneau peut être adapté en fonction de la taille des végétaux, par exemple dans un diamètre supérieur pour des sujets de pépinière. L'imprimeur, qui a mis au point la technique d'extraction, fixe des minimums de commande à 1 million de plants à l'année, ce qui constitue des volumes suffisants pour que cela ait du sens. Le dépôt de brevet est un processus long. Aussi, la démarche commerciale de valorisation de ce concept va vraiment commencer d'ici la fin de l'année 2015, quand la validation du brevet européen sera actée.

Aujourd'hui, le petit bémol concerne la pose de l'anneau : manuelle, elle peut en limiter l'intérêt. Les établissements Lannes sont en pourparlers avec des constructeurs de machines pour une pose automatique afin que les anneaux soient préposés sur les mottes ou que l'outil conçu puisse être adapté selon les besoins.

Cécile Claveirole